Présentation
En 1759 et en 1760, lors de la guerre de Sept Ans, des milliers de soldats britanniques ont débarqué sur les rives du fleuve Saint-Laurent pour combattre les troupes françaises en Amérique . Parmi les quelque 7 300 militaires d’origines diverses, on trouve des Anglais, des Écossais, des Irlandais, des natifs de la Nouvelle-Angleterre, des Européens alliés aux Britanniques et quelques-uns en provenance des îles anglo-normandes. En septembre 1760, au lendemain de la capitulation de la Nouvelle-France, un régime militaire d’occupation est instauré en attendant la fin des négociations sur l’avenir du Canada entre les Britanniques et les Français. En raison de cette situation conjoncturelle, dès octobre 1760, plusieurs officiers et soldats britanniques séjournent dans la colonie afin d’assurer le maintien de la paix et une administration transitoire du pays jusqu’en 1763.
Entre 1760 et 1763, les Anglais qui s’établissent au pays le font uniquement par bail de location puisqu’aucune acquisition de propriété ne peut être envisagée avant que le sort de la Nouvelle-France ne soit réglé. Entre le 19 octobre 1760 et le 10 février 1763, les actes notariés contractés par des Anglais concernent uniquement des locations de maisons . Une fois le traité de Paris confirmé, plusieurs officiers d’origine britannique acquièrent des habitations, des commerces et des seigneuries délaissés par les Français tandis que d’autres s’en font concéder par le gouverneur James Murray. Le changement d’allégeance du pays favorise l’arrivée d’un bon nombre d’individus en provenance des colonies de la Nouvelle-Angleterre. Ceux-ci voient de grandes opportunités dans le négoce qui dorénavant se fera avec les colonies américaines et la Grande-Bretagne.
Depuis septembre 1759, des aumôniers militaires accompagnent les troupes britanniques d’invasion qui combattent sur les plaines d’Abraham à Québec et à la bataille de Sainte-Foy en 1760. Si certains rentrent en Angleterre au lendemain de la Conquête de 1760, plusieurs demeurent au Canada jusqu’en 1768 pour assurer la spiritualité des nouveaux arrivants de confessionnalité protestante.
À Québec, les offices religieux ont lieu dans la chapelle des Ursulines, puis dans celle des Récollets. Des mariages sont aussi consacrés parmi lesquels quelques mariages mixtes au grand dam de l’Église catholique qui s’insurge contre ces unions dites illicites. John Brook a célébré, en 1763, le mariage de William Johnstone et de Marie-Angélique Martel de Brouague. En 1768, David Francis de Montmollin devient le premier recteur permanent de la Metropolitan Church.
Dès 1760, comme il n’existait pas d’église anglicane, des aumôniers militaires œuvrent à Montréal et célèbrent les offices dans la chapelle de l’Hôtel-Dieu. John Ogilvie a célébré plusieurs mariages entre 1760 et 1764 dont ceux des frères Samuel et Francis McKay, deux officiers de l’armée britannique qui épousèrent des Canadiennes. En 1766, David Chabrand Delisle prend officiellement la relève comme recteur de l’église Christ Church.
À Trois-Rivières, c’est en septembre 1768, que Léger-Jean-Baptiste-Noël Veyssière commence son ministère dans l’ancienne chapelle des Récollets qui devient officiellement l’église St. James en 1830. Il dessert alors une communauté de quelque 150 protestants largement composée de soldats qui séjournent à Trois-Rivières jusqu’au lendemain de la Révolution américaine. Il remplace les aumôniers militaires qui auparavant œuvraient auprès des troupes dans le district de Trois-Rivières entre 1760 et 1768.
Les mariages mixtes, dénoncés autant par l’Église catholique que par l’Église protestante, sont tout de même contractés devant des prêtres catholiques et des pasteurs protestants. Ces mariages déclarés nuls par l’Église catholique dès 1760 sont toutefois légalisés à partir de 1764. Entre les années 1760 et 1780, 316 unions mixtes avec des Canadiennes sont enregistrées dont 222 devant un pasteur protestant et 94 devant un prêtre catholique. Parmi les 316 unions recensées au cours de cette période, 121 sont célébrées par des aumôniers militaires protestants. Ces mariages n’ont malheureusement pas fait l’objet d’un enregistrement dans l’état civil québécois .
Les aumôniers de l’armée britannique
En Nouvelle-France, la religion catholique était la seule autorisée bien que plusieurs huguenots (calvinistes) y aient émigré sans toutefois pouvoir pratiquer ouvertement leur religion . Il faut attendre 1759 pour voir arriver au Québec les premiers pasteurs anglicans et presbytériens qui accompagnent l’armée britannique lors de la guerre de Sept Ans. Après la signature de la capitulation de la Nouvelle-France en septembre 1760 à Montréal, plusieurs individus anglicans et presbytériens ou encore huguenots d’origine britannique, française, suisse et hollandaise arrivent au Canada pour administrer la colonie ou faire du commerce.
Dès l’instauration d’un gouvernement militaire britannique le 22 septembre 1760, le district de Québec est administré par le gouverneur James Murray ainsi que par son secrétaire Hector Théophile de Cramahé, originaire de Dublin, en Irlande. Celui-ci peut s’exprimer en français. Le traité de Paris signé le 10 février 1763 met fin à la guerre de Sept Ans et crée la province of Quebec, une nouvelle colonie britannique en Amérique du Nord. La religion anglicane (Église d’Angleterre) devient alors la religion officielle de la colonie. Le 10 août 1764, un gouvernement civil est instauré pour administrer la colonie. Murray est nommé gouverneur général, fonction qu’il occupera jusqu’en 1766.
Plusieurs régiments de l’armée britannique présents à la prise de Louisbourg en 1758, à la bataille des plaines d’Abraham en 1759 et à celle de Sainte-Foy en 1760, ont des aumôniers militaires qui assurent les services spirituels aux troupes d’invasion lors de la guerre de Sept Ans. Voici les noms de quelques-uns présents au Canada en 1759 et en 1760 . La majorité d’entre eux est rentrée en Angleterre dès 1760 :
- Samuel Bennet, aumônier d’un régiment non identifié;
- John Bourne, aumônier du 43e régiment;
- Lewis Bruce, aumônier du 47e régiment;
- Eli Dawson, aumônier de la Royal Navy;
- Thomas Gawton, aumônier d’un régiment non identifié;
- George Henry, aumônier presbytérien d’un régiment non identifié;
- Jean-Michel Houdin, aumônier du 48e régiment;
- Jackson, aumônier d’un régiment non identifié;
- Richard Kendall, aumônier d’un régiment non identifié;
- John Lloyd, aumônier du 15e régiment;
- Robert McPherson, aumônier presbytérien du 78e régiment (Fraser Highlanders);
- William Nicolson, aumônier d’un régiment non identifié;
- John Ogilvie, aumônier du 60e régiment (Royal American);
- Michael Schlaetler, aumônier du 60e régiment (Royal American);
- Henry Walker, aumônier du 58e régiment;
- Ralph Walsh, aumônier du 28e régiment;
- Edward Whitty, aumônier du 35e régiment.
Sous le Régime militaire (1760-1764), les aumôniers militaires rattachés à l’armée assurent les services religieux également auprès des nouveaux administrateurs anglicans et presbytériens. Il faut attendre en 1768 pour voir l’installation de pasteurs anglicans qui pouvaient s’exprimer aussi en français : David-François de Montmollin à Québec ; Jean-Baptiste-Noël Veyssière à Trois-Rivières et David Chabrand Delisle à Montréal . La nomination de pasteurs francophones par les autorités britanniques visait également à convertir des Canadiens à la religion anglicane.
L’ÉGLISE ANGLICANE À QUÉBEC
Le premier office anglican à Québec a été célébré le 27 septembre 1759 dans la chapelle des Ursulines par le révérend Eli Dawson , aumônier de la Royal Navy. Cette cérémonie religieuse a lieu seulement deux semaines après la prise de Québec par les troupes britanniques. À partir de juin 1760, les offices religieux sont célébrés dans cette même chapelle pendant quelques mois avant d’être transférés dans la chapelle des Récollets jusqu’à l’incendie qui détruisit le bâtiment en 1796.
Les aumôniers militaires
Parmi les aumôniers militaires des troupes britanniques présents à Québec en 1759, seulement Samuel Bennet et Jean-Michel Houdin demeurent sur place l’année suivante. Après le départ de Houdin, les aumôniers militaires John Ogilvie et John Brooke arrivent au Canada, pour prendre la relève, assistés de Samuel Bennet qui reste à Québec jusqu’en 1764. Ogilvie est présent dans la capitale peu de temps car il quitte pour Montréal au début de septembre 1760. Il sera de retour à Québec quelques mois en 1762 comme aumônier des troupes. En 1763, il quitte de nouveau Québec pour Montréal où il réside jusqu’en 1764, année où il est nommé recteur de l’église anglicane Holy Trinity de New York.
Brooke, Bennet et Ogilvie assurent le culte anglican à Québec. S’ajoute Robert McPherson , nommé aumônier du 78e régiment des Fraser Highlanders le 12 janvier 1757 qui, arrivé au pays en 1759, résidera à Québec jusqu’en 1765 comme aumônier militaire presbytérien de l’Église d’Écosse.
Les aumôniers militaires célèbrent les offices religieux à Québec dès 1760, en plus de procéder à des baptêmes, des mariages et des inhumations mais sans tenir de registre ou en tenant des registres qu’ils apporteront en Angleterre. Bien qu’il soit difficile pour ces raisons d’établir la liste des noms des personnes baptisées et inhumées, il est toutefois possible de reconstituer les mariages célébrés dans le district de Québec entre 1760 et 1768, date de l’ouverture des registres pour la nouvelle communauté anglophone.
Les mariages non catholiques 1760-1768
Voici la liste des 36 mariages célébrés dans le district de Québec par des aumôniers principalement anglicans . Le nom des époux, les années présumées et les lieux du mariage sont tirés essentiellement des informations contenues dans les contrats de mariages, les différents actes notariés et le baptême des premiers enfants légitimes du couple baptisés dans la religion catholique . Cette liste ne tient pas compte des unions libres dont celles de Malcolm Fraser et de Marie-Louise Allaire et de John Wells et Marie-Anne Sylvestre.
1760
Alexander Fraser et Marie-Renée-Josèphe Adam à Beaumont
Helen Karell et Jean-Baptiste Noël à Québec
John McSween et Marie-Louise Maurice dit Larrivée à Beaumont
1761
John Aylwin et Marguerite Pageot à l’Ancienne-Lorette
Robert Freeman et Françoise-Thérèse Drolet à Québec
1762
John Peter Luking et Marie-Angélique Tancrède à Québec
Ackland Rickaby Bondfield et Madeleine-Françoise Martel de Brouague à Québec
1763
Andrew Canavan et Madeleine Léger dit Richelieu à Québec
Hugh Luc Fraser et Geneviève Ratté à Québec
William Johnstone et Marie-Angélique Martel de Brouague à Québec
Jacob Kunh et Marie-Hélène Petitot dit Desmarais à Québec
Christophe Smith et Madeleine Landry à Québec
William Williams et Marie-Hélène Racin à Québec
1764
Francis Anderson et Marie-Marguerite Amury à Québec
Charles Burnett et Louise Le Gris à Québec
Peter Campbell et Marie-Louise Gagé à Québec
Ralph Gray et Mary Ann Scott à Québec
Niel McClain et Marie Dulignon dit Lamirande à Québec
Anton Schleichen et Marie-Madeleine Gauvreau à Québec
1765
William Campbell et Marie-Josèphe Chamberland à Québec
Edward Davidson et Catherine Robichaud à Kamouraska
Alexander Fraser et Jane McCord à Québec
John Lockhart et Marie-Geneviève Turpin à Québec
John McBride et Marguerite Bourbeau dit Carignan à Québec
Hector McNeil et Suzanne Lavigne à Québec
Richard Murray et Marie-Josèphe Turpin à Québec
James Thomson et Maria Thompson à Québec
Murdock Stewart et Angélique Cartier à Québec
1766
Francis Anderson et Marie-Véronique Amury à Québec
John Melvil et Marie-Anne Rousseau à Québec
John William Woolsey et Marie-Josèphe Trefflé dit Rotot à Québec
1767
Honorus Henry Kelly et Marguerite Gagné à Québec
1768
John Belly et Anne-Louise Algrin dit Bellefleur à Québec
Peter Fargues et Marie-Henriette Guichaux à Québec
Joseph Grist et Marie-Louise Charland à Québec
Donald McKinnon et Marie-Angélique Rinfret dit Maloin à Québec
Entre 1769 et 1780, quinze mariages sont célébrés à Québec par des aumôniers militaires anglicans sans qu’ils soient inscrits dans les registres de l’état civil .
Les premiers pasteurs anglicans à Québec
La nomination Montmollin comme pasteur de l’église d’Angleterre à Québec le 12 février 1768 marque une date importante dans l’histoire de la religion anglicane dans la capitale. Montmollin, dont les ancêtres de confession huguenote, est né le 18 mars 1721 à Neuchâtel en Suisse, était pasteur de la paroisse huguenote de Londres lors de sa nomination à Québec en 1768. Il arrive dans la colonie au printemps et prend en charge sa paroisse dont les offices sont toujours célébrés dans l’ancienne église de Récollets. Montmollin, ministre anglican de langue française, était assisté à Québec par John Brooke, aumônier des troupes de la garnison depuis 1760, qui conservera ses fonctions religieuses jusqu’en 1769. Entre 1789 et 1796, Montmollin est accompagné du pasteur Philip Toosey qui signe les actes religieux jusqu’en 1795. L’année suivante, c’est le ministre Jehosaphat Salter Mountain qui enregistre les actes, puis à partir de 1797 son collègue J. K. B. William prend la relève.
En 1768, la congrégation anglicane de Québec prend le nom de Metropolitan Church. À partir de 1787, elle relève de l’évêché d’Halifax, en Nouvelle-Écosse, présidé par l’évêque Charles Inglis qui effectue quelques visites pastorales au Québec au cours de son mandat. Le diocèse anglican de Québec est créé en 1793 et le 23 juin Jacob Mountain est nommé premier évêque. Il arrive à Québec le 1er novembre 1793 avec sa femme et ses enfants et prend immédiatement possession de son diocèse.
En 1796, la Metropolitan Church devient la paroisse de la cathédrale et prend le nom de Holy Trinity. La même année, un incendie détruit l’ancienne église des Récollets. À la suite de cet incendie, les offices religieux se tiennent dans la chapelle des Jésuites, sur le site de l’actuel hôtel de Ville de Québec. En 1800, on entreprend la construction d’un nouveau temple sur le site de l’ancienne église des Récollets. Inauguré le 24 août 1804, la cathédrale Holy Trinity est la première cathédrale anglicane construite à l’extérieur des îles britanniques . Située rue des Jardins, au cœur du Vieux-Québec, elle est toujours en fonction. De nos jours, le diocèse anglican de Québec couvre l’est et le centre du Québec depuis Sherbrooke et Trois-Rivières jusqu’aux îles de la Madeleine.
Les premiers pasteurs presbytériens à Québec
Dès 1760, les Écossais, surtout des soldats du célèbre régiment des Fraser Highlanders, peuvent compter sur la présence d’aumôniers presbytériens. Robert McPherson, pasteur de la « Scotch Congregation » assure la spiritualité des soldats et des marchands écossais présents à Québec au lendemain de la Conquête. Les offices religieux se tiennent dans la chapelle du collège des Jésuites jusqu’en 1807, puis au sous-sol du Palais de justice jusqu’en 1810. Après le décès de McPherson en 1765, le pasteur George Henry prend la relève jusqu’en 1785. C’est sous son ministère que l’assemblée presbytérienne de Québec passe de statut militaire à statut civil. Le ministre Alexander Sparks, arrivé au pays en 1784, assiste Henry quelque temps avant de lui succéder en 1795. Il dirige la communauté presbytérienne jusqu’en 1806.
Dès 1802, les presbytériens, formés en grande partie d’Écossais, souhaitent l’érection d’une église à Québec. En 1808, le gouverneur James Craig offre à la congrégation presbytérienne de Québec un terrain afin que soit bâtie l’église St. Andrew’s dont les travaux de construction débutent en 1809. Le temple, qui porte le nom du saint patron de l’Écosse, est inauguré le 30 novembre 1810. L’église, toujours ouverte au culte, est située rue Sainte-Anne dans le Vieux-Québec.
Les registres anglicans et presbytériens de Québec
Il existe trois registres anglicans ainsi qu’un registre presbytérien pour la période allant de 1768 à 1800 . Chez les anglicans, le premier est celui de la Metropolitan Church qui débute en 1768 et se termine en 1795, suivi de celui de la cathédrale Holy Trinity, depuis 1796 à nos jours; puis celui de la Quebec Garrison qui couvre la période de 1797 à 1871. Pour la congrégation presbytérienne St. Andrew’s, il existe un seul registre qui débute en 1770 et qui se poursuit jusqu’à nos jours. Les actes de l’état civil inscrits dans ces registres s’apparentent davantage à des listes et ne ressemblent en rien à ceux détaillés rédigés par les prêtres catholiques. Ce n’est qu’à partir du milieu des années 1790 que les documents sont plus complets. À partir de 1779, Bibliothèque et Archives Canada conserve 2960 licences de mariages que l’on peut consulter sur leur site Internet .
1. La Metropolitan Church
Le pasteur de Montmollin débute son ministère à Québec le 24 avril 1768 par l’inscription au registre de Metropolitan Church du baptême de John Cane, fils de John et de son épouse Mary, baptisé à Dover Castel. Les inscriptions au registre sont assez rudimentaires car elles ne contiennent que la date du baptême, le prénom et le nom du baptisé, le prénom et le nom du père, le prénom de la mère. À partir de juillet 1768, le pasteur inscrit aussi les noms des parrains et des marraines souvent multiples. La première sépulture, datée du 14 août 1768, est celle de David Culhum, âgé de 7 ans, résidant chez ses parents à la porte Saint-Louis, fils d’un dénommé Culhum et d’une mère dont le nom n’est pas révélé. Dans les actes de sépulture, l’enregistrement se limite souvent au nom de la personne décédée, quelquefois au nom du conjoint ou du père mais rarement est-il fait mention de son occupation sauf s’il est militaire.
Entre 1768 et 1795, Montmollin célèbre 503 mariages dans l’ancienne église des Récollets. Le premier est celui de John Bell, maçon de Québec, et de Margaret Beasar célébré le 27 septembre 1768 et le dernier est celui d’Allen Holding et d’Agnes Lowrie le 29 octobre 1795. L’enregistrement du mariage est succinct, il ne comprend que les noms des mariés sans les noms des parents et des lieux d’origine mais les noms des témoins sont mentionnés.
Même si en 1796 l’église anglicane Metropolitan Church change de vocable pour Holy Trinity, l’enregistrement des actes se poursuit dans le même registre au-delà du 18e siècle. Pour la période de 1768 à 1800, il existe deux versions du registre anglican de Québec. On trouve l’original conservé à la cathédrale Holy Trinity et une transcription conservée au Centre d’archives de Québec de BAnQ .
Le registre original comprend deux volumes. L’inscription des actes débute le 24 avril 1768 et se termine le 12 septembre 1786. Le second volume débute le 18 septembre 1786 et se termine le 31 décembre 1800. Il existe deux index, soit le premier pour la période de 1768 à 1785 et le second pour la période de 1786 à 1800. La transcription comprend les actes de baptêmes, mariages et sépultures qui débutent le 24 avril 1768 et se terminent le 24 novembre 1794. La transcription ne comprend pas d’index. L’index des mariages est disponible sur le site Internet de Généalogie-Québec. Un répertoire des actes de baptêmes et de sépultures de Metropolitan Church sera bientôt publié sur le site Internet de la Société de généalogie de Québec.
2. La cathédrale Holy Trinity
Le registre de la cathédrale Holy Trinity s’ouvre par le baptême d’Élisabeth Thibbald célébré le 8 janvier 1796, fille de James, soldat du 26e régiment d’infanterie britannique, et de son épouse Mary. Le registre comprend des index. Les informations contenues dans les actes de la cathédrale sont beaucoup plus complètes. Pour les mariages, on trouve les noms des époux, leurs âges, lieux de résidence et l’occupation de l’époux. Les noms des parents des époux ne sont pas mentionnés .
3. Le registre de la garnison
Le registre débute le 8 août 1797 et se termine le 23 octobre 1871. Il comprend des baptêmes, des mariages et des inhumations des soldats en poste à la citadelle de Québec. Le premier registre est tenu par l’aumônier militaire John Henderson et le premier acte daté du 1er septembre 1797 est celui de l’inhumation de David Roble, âgé de 40 ans, soldat du 24e régiment.
Le registre presbytérien : L’église St. Andrew’s
Les registres débutent le 11 décembre 1770 par le baptême de Catherine Fraser, fille de John Fraser de Murray Bay. Le premier mariage est celui de Peter Stewart et de Jane Fraser célébré le 6 octobre 1771 par le pasteur George Henry. La première sépulture est celle de Mrs Henry décédée en mai 1786. Jusqu’en 1796, le registre se présente plutôt comme une liste n’indiquant que le nom des personnes concernées par les actes. Par la suite, les actes sont beaucoup plus détaillés mais n’indiquent par ailleurs pas les noms des parents des époux pour les mariages. Les registres de l’église St. Andrew’s se poursuivent jusqu’à nos jours .
Les cimetières protestants de Québec
Au cours de la guerre de Sept Ans, en 1759 et en 1760, les militaires britanniques tués lors de la bataille des plaines d’Abraham et celle de Sainte-Foy sont inhumés dans deux fosses communes à l’extérieur du cimetière catholique de l’Hôpital général de Québec. D’autres soldats britanniques ont aussi été inhumés dans le cimetière des Picotés . Ce cimetière était jadis situé sous la rue Hamel entre les rues des Remparts et Couillard. Les sépultures ont été déplacées au cimetière Notre-Dame-de-Belmont, entre 1858 et 1861. On ne connaît pas le nombre de militaires britanniques inhumés dans ces deux cimetières. Le premier cimetière protestant a été ouvert en 1767 à la porte Saint-Louis. Il a servi jusqu’en 1771. Il était situé aux actuelles casernes Connaught sur la côte de la Citadelle.
Le second cimetière civil protestant de Québec est ouvert en 1772 sur un terrain acquis par le gouvernement britannique sur la rue Saint-Jean, près de l’actuelle bibliothèque Saint-Jean-Baptiste. Il a servi aux inhumations des anglophones de confessionnalité anglicane et presbytérienne. On estime que 6 000 à 10 000 personnes ont été inhumées dans le cimetière St. Matthew entre 1772 et 1860. Comme dans la plupart des cimetières anciens, la majorité des défunts ont été ensevelis dans l’anonymat. Le cimetière compte 314 pierres tombales portant 504 inscriptions . En 1848, le cimetière Mount Hermon a été ouvert sur le chemin Saint-Louis pour inhumer les non catholiques de la région de Québec. Plusieurs corps inhumés dans le cimetière St. Matthew ont été réinhumés au cimetière Mount Hermon dont celui de Malcolm Fraser présent sur les plaines d’Abraham en 1759, puis seigneur de Mont-Murray dans Charlevoix.
LES ÉGLISES ANGLICANE ET PRESBYTÉRIENNE À MONTRÉAL
Tout comme à Québec, des aumôniers militaires accompagnent les troupes britanniques à Montréal lors de la guerre de Sept Ans. Plusieurs sont présents le 10 septembre 1760 lors de la capitulation de la Nouvelle-France. Les premiers offices anglicans se tiennent dans la chapelle de l’Hôtel-Dieu. Ce n’est qu’en 1789 que l’église Christ Church voit le jour lorsqu’une ancienne chapelle jésuite est remise à la communauté anglicane par le gouvernement. Elle était située rue Notre-Dame, près de l’actuel palais de justice. Elle fut détruite par un incendie en 1803. Un autre temple est érigé en 1820 qui fut lui aussi détruit par un incendie. L’actuelle cathédrale Christ Church est construite de 1857 à 1859 rue Sainte-Catherine à Montréal. La paroisse Christ Church est élevée au rang de cathédrale épiscopalienne en 1850.
Les presbytériens sont aussi présents à Montréal dès 1760. Ce sont surtout des soldats Écossais des régiments Fraser Highlanders et Black Watch qui sont de cette confessionnalité. Lors de la guerre d’Indépendance américaine, d’autres Écossais, membres du Royal Highland Emigrant, augmentent la population presbytérienne de Montréal. Depuis 1760, des offices se tiennent dans différentes chapelles catholiques de Montréal. En 1786, la paroisse St. Gabriel’s est fondée et la première église est érigée en 1792 sur la rue Saint-Gabriel à proximité du Champ-de-Mars dans le Vieux-Montréal .
Les aumôniers militaires
Plusieurs aumôniers militaires sont présents à Montréal entre 1760 et 1766, année de l’arrivée du premier pasteur permanent. Quatre sont connus soient John Béthune, John Doty, John Ogilvie et un dénommé Stewart. Tous demeurent à Montréal jusqu’en 1766 sauf Ogilvie qui fait un court séjour à Québec en 1762 avant de revenir à Montréal en 1764 puis passer à New York en 1764 comme pasteur de l’église épiscopalienne Trinity Church.
Entre 1760 et 1766, les aumôniers militaires procèdent à des baptêmes, des mariages et des inhumations mais sans tenir de registre. Bien qu’il soit difficile d’établir les noms des personnes baptisées et inhumées, il est toutefois possible de reconstituer les mariages célébrés dans le district de Montréal entre 1760 et 1766, date de l’ouverture des registres anglicans.
Les mariages non catholiques 1760-1766
Voici la liste des 48 mariages célébrés dans le district de Montréal par des aumôniers anglicans . Le nom des époux, les années présumées et les lieux du mariage sont tirés essentiellement des informations contenues dans les contrats de mariages, de différents actes notariés et la date du baptême dans la religion catholique des premiers enfants légitimes du couple . Cette liste ne tient pas compte de l’union libre d’Herbert Munster et de Marie-Gabrielle Chabert de Joncaire.
1760
John Carr et Sarah Moore à Montréal
1761
Thomas Farrell et Marie-Louise Depocas à Montréal
Freeman, Robert et Françoise-Thérèse Dorlet
Thomas Ovin et Angélique-Catherine Guay à Montréal
Daniel Robertson et Marie-Louise Rhéaume à Montréal
1762
Johann Peter Arnoldy et Margarita Philippina Horth à Montréal
William Campbell et Marie-Josèphe Chartier à La Prairie
Henry Lebeck et Marie-Louise Labadie à Montréal
Richard McCarthy et Ursule Benoit à Montréal
John Warton et Marie-Anne Picoté de Belestre à Montréal
1763
John Campbell et Marie-Anne La Corne de Saint-Luc à Montréal
Thomas Coker et Marie-Josèphe Herpin dit Potvin à Montréal
Henry Evans et Elisabeth Ramage à Montréal
William Evans et Marie-Josèphe Picoté de Belestre à Montréal
Joseph Howard et Marie-Marguerite Rhéaume à Montréal
John Johnson et Madeleine Magnan à Montréal
Daniel McGraw et Marie-Catherine Couillard à Montréal
Francis McKay et Marie-Anne Marchand de Lignery à Montréal
Samuel McKay et Élisabeth Herbin de Bricourt à Montréal
Herbert Munster et Marie-Gabrielle Joncaire de Chabert à Boucherville
1764
John Charles Adams et Angélique Miguet dit Latrimouille à Montréal
John Anderson et Charlotte Dagneau à Saint-Régis
Thomas Barron et Marie-Catherine Hubert dit Lacroix à Montréal
William Dundar et Marie-Thérèse Fleury d’Eschambault à Montréal
Anne Gordon et Marie-Josèphe Viel dit Sansoucy à SaintOurs
Huet dit Lahaye, Simon-Joseph et Marie-Anne Masson à Montréal
James Hugues et Marie-Charlotte Martel de Brouague à Montréal
Charles McFarlane et Élisabeth Papillon à Montréal
1765
Edward Abbott et Angélique Trottier dit Desrivières à Montréal
William Ashby et Marie-Danielle Berthiaume à Chambly
Peter Benecke et Geneviève Dufresne à Pointe-aux-Trembles
Elias Dagworthy et Louise-Jeanne Renaud du Buisson à Montréal
James Doort et Marie-Josèphe Cerat dit Coquillard à Montréal
Simon Evans et Catherine-Louise Decouagne à Montréal
John Fraser et Marie-Claire Fleury d’Eschambault à Montréal
James Hamilton et Marie-Catherine Hodiesne à Montréal
Corwallis Kelly et Marie-Amable Perras dit Fontaine à La Prairie
Joannes King et Marie-Catherine Tisson dit Honoré à La Prairie
John Lames et Marie-Angélique Bourgeat dit Provençal à Montréal
Thomas Lepeney et Marie-Catherine Couillard à Montréal
McDonnell, Daniel et Geneviève Rancourt à Montréal
1766
Thomas Boyd et Marie-Barbe Marotte dit Labonté à Montréal
James Dyer et Marie-Archange Decouagne à Montréal
James Fraser et Marie-Josèphe Brassard à Montréal
Hugh William Heney et Marie-Madeleine Laferté dit Lepailleur à Montréal
George Leprey et Marie-Amable Gareau dit Vadeboncoeur à Montréal
John McNeil et Esther Allaire à Montréal
Hugh Tullock et Marie-Louise Guay à Montréal
Entre 1767 et 1788, dix mariages sont célébrés par des aumôniers militaires à Montréal sans qu’ils ne soient inscrits dans les registres non catholiques.
Les premiers pasteurs à Montréal
Le 14 avril 1766, David Chabrand Delisle , né à Anduze, dans le département du Gard, en France, ordonné prêtre anglican à Londres en 1764, est nommé aumônier de la garnison de Montréal. Il arrive à Montréal à la fin de l’été 1766 et entre en fonction quelques semaines plus tard. Le 12 février 1768, il est nommé officiellement pasteur à Montréal en même temps que Montmollin à Québec et Veyssière à Trois-Rivières. Chabrand Delisle assure ses fonctions pastorales jusqu’à son décès survenu à Montréal le 28 juin 1794. Le pasteur James Tunstall lui succède jusqu’en 1801.
Le premier pasteur presbytérien à Montréal est John Bethune , né en 1751 en Écosse, aumônier du 84e régiment. En août 1779, il est à Montréal pour s’acquitter de sa charge auprès de son régiment, le Royal Highland Emigrant. Il y exerce alors ses fonctions d’aumônier auprès des militaires et des civils, célébrant des mariages et des baptêmes et officiant des sépultures. En 1786, Bethune devient officiellement pasteur de la paroisse St. Gabriel’s. En 1791, après son départ pour le Haut-Canada, le pasteur John Young lui succède.
Les premiers registres non catholiques de Montréal
Le premier registre anglican de Montréal est celui des baptêmes rédigés par John Ogilvie pour les militaires de la garnison de Montréal . Ce registre a été découvert en 1925 à la Trinity Church de New York. L’archiviste Édouard-Zotique Massicotte en a fait une transcription pour les archives judiciaires de Montréal. Le registre des baptêmes comprend 150 actes célébrés dans la région de Montréal entre 1760 et 1764. Le premier baptême est celui d’Ann, fille de John Carr et de Sarah Moore, célébré à Verchères le 23 novembre 1760. Le dernier acte est le baptême de John, fils d’Edward Barber et d’Ann McGee, le 8 août 1764 à Montréal. Le registre fait mention des baptêmes des enfants illégitimes. Un index alphabétique complète le registre.
Il faut attendre jusqu’en 1766 avant de trouver de nouveau un registre anglican à Montréal . Il s’agit du registre des baptêmes, mariages et inhumations de la paroisse Christ Church qui débute le 22 novembre 1766 par le mariage de Peter Paul Souberian et de Catherine-Félicité Chaumont.
Le premier volume du registre se termine le 31 décembre 1792. Les informations concernant les mariages se limitent aux noms des époux et à la date du mariage. Pour les baptêmes et les inhumations, peu d’informations sont indiquées sauf le nom du père, le prénom de la mère ou le nom du conjoint. À partir de 1794, les actes sont plus détaillés. Ils contiennent des renseignements comme l’occupation de l’époux et le nom des témoins.
Le registre de la paroisse presbytérienne St. Gabriel’s débute le 4 août 1779 par le baptême de Margaret, fille de John Stuart soldat. Le nom de la mère n’est pas indiqué. Tout comme pour le registre de Christ Church, les informations sont succinctes. Le premier registre se termine le 23 février 1791et le suivant ne reprend que le 31 décembre 1796. À partir de cette date, les informations sont plus complètes et plus détaillées.
Pour les deux paroisses montréalaises, des index des baptêmes existent sur le site Internet de BAnQ pour la période de 1766 à 1835, des mariages et inhumations pour la période de 1766 à 1899. L’index mentionne que l’année du mariage sans indication du quantième et du mois mais il indique le folio de la page du registre concerné. Dans le Fonds Drouin, on trouve un index des baptêmes, mariages et sépultures pour la période de 1766 à 1787. À partir de 1779, Bibliothèque et Archives Canada conserve 2 960 licences de mariages que l’on peut consulter sur leur site Internet .
Les cimetières protestants à Montréal
Dès septembre 1760, les premières inhumations non catholiques ont lieu dans une partie du cimetière de la Poudrière dans le vieux Montréal. Un premier cimetière protestant à Montréal est ouvert en 1786 aux abords de la rue Dorchester, aujourd’hui René-Lévesque . Un autre cimetière, du nom de St. Laurent ou square Dufferin, est ouvert en 1797 au sud-est de la rue la rue Dorchester entre les rues Jeanne-Mance et Saint-Urbain. Il servit jusqu’en 1854. En 1852, le cimetière du Mont-Royal est inauguré pour inhumer toutes les personnes non catholiques décédées dans la ville de Montréal.
L’ÉGLISE ANGLICANE À TROIS-RIVIÈRES
Dès la capitulation de la Nouvelle-France le 10 septembre 1760, le gouvernement britannique instaure un Régime militaire le 22 septembre suivant. Ralph Burton est nommé lieutenant-gouverneur de Trois-Rivières avec John Bruyère comme secrétaire. Une garnison britannique est présente pour assurer la paix et le maintien de l’ordre. Le culte anglican devient la religion d’État même si la religion catholique est tolérée.
Les aumôniers militaires
Afin de pourvoir à la spiritualité des soldats des troupes britanniques, des aumôniers militaires anglicans œuvrent à Trois-Rivières entre 1760 et 1768. On ne connaît pas le nom des aumôniers présents à Trois-Rivières au cours de cette période. Il est cependant fort probable que Robert McPherson, aumônier militaire presbytérien du 78e régiment des Fraser Highlanders, et Edward Whitty, aumônier militaire anglican du 35e régiment d’infanterie, soient venus célébrer des baptêmes, des mariages et présider des inhumations pour les militaires anglo-saxons présents dans le district de Trois-Rivières avant l’arrivée d’un pasteur permanent en 1768.
Bien qu’il soit difficile d’établir le nom des personnes baptisées et inhumées à Trois-Rivières au cours de cette période, il est toutefois possible de reconstituer les mariages célébrés dans la région entre 1760 et 1768, date de l’ouverture du premier registre anglican.
Voici la liste des 6 mariages célébrés par des aumôniers anglicans. Le nom des époux, les années présumées et les lieux présumés du mariage sont tirés essentiellement des informations contenues dans les contrats de mariages, les différents actes notariés et du baptême dans la religion catholique des premiers enfants légitimes du couple . Cette liste ne tient pas compte de l’union libre de Robert Fraser et de Madeleine Roy dit Châtellerault.
1763
John Ross et Marie-Louise Dalpé dit Sincerny à Maskinongé
1764
John Bruyère et Catherine-Élisabeth Pommereau à Trois-Rivières
Johann Georg Bergspar et Marie-Angélique Périllard à Louiseville
1765
William Cameron et Marguerite Nadeau à Yamachiche
James Cook et Marie-Véronique Tessier à Trois-Rivières
Roderick McLeod et Marie-Josèphe Dézy dit Montplaisir à Champlain
Entre 1768 et 1783, six mariages sont célébrés dans la région de Trois-Rivières par des aumôniers militaires sans qu’ils ne soient inscrits dans les registres .
Les premiers pasteurs anglicans à Trois-Rivières
Jean-Baptiste-Noël Veyssière est né à Tulle (Corrèze), en 1728. En 1756, il entre chez les Récollets à Québec et il est ordonné prêtre en 1758. En octobre 1766 il apostasie la religion catholique pour la religion anglicane puis il se rend aussitôt à Londres et revient au pays à l’automne 1767. Le 12 février 1768 Veyssière est nommé pasteur à Trois-Rivières en même temps que Chabrand Delisle à Montréal et Montmollin à Québec.
Veyssière débute son ministère en septembre 1768 dans l’église des Récollets. Il dessert alors quelque 150 paroissiens largement composés de soldats de la garnison de Trois-Rivières présents dans la ville jusqu’au lendemain de la Révolution américaine. Veyssière couvre un vaste territoire qui s’étend de Saint-François-du-Lac, au sud, à Sainte-Anne-de-la-Pérade à l’est et Louiseville à l’ouest. Il demeure en fonction jusqu’à son décès survenu à Trois-Rivières en 1800. Depuis 1794, il est assisté par Jehosaphat Mountain , né en 1745 à Thwaite en Angleterre, frère de Jacob Mountain, l’évêque anglican de Québec. En 1800, Mountain est assigné à l’église Christ Church à Montréal et d’autres ministres anglicans prennent la relève.
Les premiers lieux du culte anglican à Trois-Rivières ne sont pas connus avant l’arrivée de Veyssière en 1768. Lorsqu’il arrive à l’automne 1768, il doit partager la chapelle des Récollets avec les catholiques jusqu’en 1777, année où les offices religieux deviennent exclusivement anglicans malgré le délabrement de l’édifice. En 1768, la paroisse prend le nom de « Protestant Congregation » de Trois-Rivières. Vers 1794, l’édifice est aussi utilisé une partie du temps comme palais de justice. En 1796, l’église est réaménagée et une partie est réservée exclusivement au culte. Il faut attendre en 1823 pour que l’édifice soit rénové et consacré totalement au culte anglican. En 1830, la paroisse adopte officiellement le nom de St. James. L’église plus que centenaire existe toujours rue des Ursulines dans le vieux Trois-Rivières.
Les registres anglicans de Trois-Rivières
Les actes de Trois-Rivières sont inscrits dans deux registres, la version originale qui débute en 1768 et une transcription manuscrite réalisée pour la période de 1768 à 1792. Les deux copies sont reproduites dans le registre protestant de Trois-Rivières du Fonds Drouin .
Le pasteur Veyssière rédige en français son premier acte le 11 décembre 1768. Il s’agit du baptême de Lackand McDonald, né le 8, fils de Donald McDonald, soldat dans le 1er bataillon du régiment Royal American, et de Christine McKenzie . Les baptêmes et les décès de Trois-Rivières n’ont pas été répertoriés à ce jour. Il faut donc consulter le registre original pour trouver un individu non catholique né ou décédé à Trois-Rivières. Le premier mariage est celui de Richard McGregory, sergent du 1er bataillon du régiment Royal American, et de Gisella Martin célébré le 1er janvier 1769. Comme pour tous les mariages non catholiques, les noms des parents sont rarement indiqués. On y trouve par contre quelquefois l’occupation de l’époux. Les mariages protestants de Trois-Rivières ont été indexés dans le fonds Drouin entre 1768 et 1840.
À l’arrivée de Jehosaphat Mountain à Trois-Rivières en 1794 les actes sont rédigés en anglais. Il en est de même pour les actes du pasteur Robert Quirk Short qui lui succède en 1824 lorsque l’église prend le nom de St. James, nom qui sera officialisé en 1830. Un index existe à partir de 1800 . À partir de 1779, Bibliothèque et Archives Canada conserve 2 960 licences de mariages que l’on peut consulter sur leur site Internet .
Le cimetière protestant de Trois-Rivières
Entre 1768 et 1808, on ne connaît pas exactement les lieux de sépulture des non catholiques de Trois-Rivières. Il est probable que les enterrements aient eu lieu sous l’église puisque le nombre de décès n’étaient pas très nombreux à cette époque.
Le cimetière St. James est un lieu de sépulture rattaché à la communauté anglicane, aménagé à partir de 1808 sur la rue Saint-François-Xavier, à l’angle de la rue de Tonnancour. Le cimetière comprend 98 pierres tombales et un charnier en métal en forme de prisme triangulaire. Il occupe un parc délimité par une clôture en fer forgé et accessible par une entrée encadrée d’une arche, aussi en fer forgé, surmontée de l’inscription du nom de la communauté. En 1917, la communauté anglicane aménage le cimetière Forest Hill sur le boulevard des Forges pour les inhumations des non catholiques de la région. Le cimetière St. James est fermé aux inhumations.
Quelques personnalités marquantes de cette communauté y reposent, notamment James Sinclair (1732-1821), qui a combattu aux côtés du général James Wolfe lors de la prise de Québec en 1759, et l’homme d’affaires Matthew Bell (1769-1849), administrateur des Forges du Saint-Maurice entre 1793 et 1846. Le cimetière sert également de lieu de sépulture à des soldats britanniques ayant participé à la guerre de 1812.
LES AUTRES LIEUX DE CULTE NON CATHOLIQUE AU QUÉBEC AVANT 1800
Berthier-en-Haut (Berthierville)
Trois autres lieux de culte non catholiques ont été identifiés au Québec avant 1800. Le premier est la chapelle personnelle de James Cuthbert érigée en 1786 à Berthier-en-Haut. Le seigneur de Berthier, qui avait son propre chapelain, fait construire l’édifice pour y inhumer sa femme, Caroline Cairns (1745-1785), et sa fille Catherine. La chapelle St. Andrew’s sert également de lieu de culte à quelques familles presbytériennes des environs. Aucun registre n’a été tenu dans cette chapelle.
William Henry (Sorel)
Dès 1777, les services religieux sont célébrés dans un bâtiment de la garnison en poste à William-Henry (Sorel). L’aumônier militaire Thomas Charles Heslop Scott assure le culte anglican dans cette ville. La paroisse anglicane est érigée officiellement en 1784 sous le nom de Christ Church. Le pasteur John Doty est nommé pasteur et il y réside jusqu’en 1803. Le premier registre débute en 1784 et se termine en 1795. Il comprend des baptêmes, des mariages et des sépultures. Le premier acte inscrit au registre est le mariage de John Adamson, soldat du Royal Artillery, et de Jane Sutherland célébré le 1er juillet 1784. Le premier registre couvre la période de 1784 à 1803. Les mariages sont indexés dans Généalogie-Québec .
Saint-Armand
L’église anglicane Saint-Armand, située près de la frontière canado-américaine, est ouverte au culte le 1er novembre 1799 et dessert les non catholiques du village et de la baie Missisquoi. Le premier pasteur, Robert Quirk Short assure ses fonctions pastorales jusqu’en 1824, année où il est nommé pasteur à Trois-Rivières. Aucun registre protestant n’a été trouvé pour cette paroisse.
La guerre d’Indépendance américaine
Pendant la guerre d’Indépendance américaine (1775-1783), plusieurs aumôniers militaires assistent les troupes britanniques et allemandes au Canada. Ces pasteurs ont certes procédé à des baptêmes, des mariages et des inhumations qui ne sont pas inscrits dans les registres non catholiques du Québec.
Entre 1775 et 1780, seize mariages mixtes sont contractés entre des anglophones et des francophones de religion catholique. Par ailleurs, plusieurs militaires britanniques sont morts au cours de la guerre d’Indépendance américaine sans que le lieu et date de décès n’aient été identifiés.
Les Britanniques ne sont pas les seuls à contracter des mariages mixtes au cours et au lendemain de la guerre d’Indépendance américaine. Entre 1780 et 1789, dix-huit mariages sont célébrés par des aumôniers militaires entre des officiers et des soldats des troupes allemandes et des Canadiennes. Parmi ceux-ci, on trouve le capitaine Johann August Zacharias Nuhalte qui épouse Marie Riverin en 1780 à l’Ancienne-Lorette; Whilem Freidrich Oliva, chirurgien, qui épouse en 1782 à Montmagny, Catherine Couillard; Edmund Victor Von Konig, lieutenant, qui épouse en 1783 à Rivière-Ouelle, Louise Jean et Frederic Gousse, chirurgien, qui épouse en 1786 à Yamachiche, Marie-Louise Chevrefils.
Parmi les aumôniers militaires allemands et britanniques qui ont œuvré au Canada au cours du conflit, nous connaissons quelques noms d’une liste sûrement très incomplète .
Wilhelm Bauer du régiment allemand Hesse-Kassel
John Bethune du 84e régiment (Royal Highland Emigrant)
Hugh Blair du 84e régiment (Royal Highland Emigrant)
Sigmund Braunsdorff du régiment allemand Hanalt-Zerbst
G. C. Kaup du régiment allemand Hesse-Hanau
Alex McKenzie du 78e régiment (Fraser Highlanders)
Malcolm Nicholson du 84e régiment (Royal Highland Emigrant)
Wilhem Conrad Schrader, du régiment allemand du Prince Frederic de Brunswick
Conclusion
Dans ce texte, nous avons essayé de reconstituer brièvement l’histoire de l’Église anglicane et de l’Église presbytérienne au Québec au lendemain de la Conquête. Les sources documentaires disponibles permettent d’identifier les noms des premiers aumôniers militaires et des premiers pasteurs permanents. La reconstitution des actes permet de connaître les noms des époux des 90 mariages mixtes célébrés au Québec entre 1760 et 1768, données qui ne sont pas inscrites dans l’état civil québécois. Les premiers registres non catholiques du Québec ancien contiennent des actes très brefs rendant difficile l’identification des individus. La consultation des recensements du 18e siècle permet de retracer les premiers protestants établis au Québec.
Marcel Fournier, AIG
Longueuil (Québec), le 22 décembre 2021
marcel.fournier@sympatico.ca