La capitulation de la Nouvelle-France signée à Montréal
met fin à la guerre de Sept Ans en Amérique

 

250 ans plus tard…

Le 8 septembre 2010 marque le 250e anniversaire de la signature de la capitulation de la Nouvelle-France et la fin de l’empire français en Amérique. Cinq années de guerre ont épuisé les troupes françaises et les chefs militaires se rendent à l’évidence qu’il serait inapproprié de poursuivre les hostilités compte tenu de la supériorité des troupes britanniques et de la volonté de la Grande Bretagne de mettre fin à ce conflit pour chasser définitivement les Français du continent américain.

Une guerre perdue à l’avance

Avec un certain recul de l’histoire, l’on constate que la défaite des troupes françaises en Nouvelle-France ne repose pas uniquement sur les soldats venus combattre les Anglais ni sur les décisions de leurs dirigeants bien que les divergences entre Montcalm et Vaudreuil n’ont certainement pas contribué à créer une synergie à la direction de l’armée française. Il faut voir cette défaite à l’intérieur d’un conflit global entre puissances européennes, où la Nouvelle-France ne constitue qu’un petit champ d’opération. Les grandes batailles comme celles de Louisbourg et de Québec sont des exemples typiques de guerre à l’européenne qui ne convenaient pas toujours en Nouvelle-France. La supériorité militaire britannique est venue à bout des efforts combinés des troupes de Terre, des compagnies franches de la Marine, des alliés amérindiens et des miliciens canadiens. Enfin, en mai 1760, au lendemain de la victoire de Lévis à Sainte-Foy, l’arrivée de renforts en provenance de la Grande-Bretagne a mis fin aux espoirs de reprendre le contrôle de la colonie.

Lors de la guerre de Sept Ans, les armées américano-britanniques, supérieures en nombre - 43 800 militaires contre 26 800 pour les troupes françaises et canadiennes - ont prouvé leur grande adaptabilité au style de combat pratiqué en Amérique du Nord. Elles sont passées d’une stratégie européenne (ordre linéaire, attaque en formation) à une stratégie locale avec l’appui des populations locales et amérindiennes. Quant aux soldats français, ils se sont battus courageusement avec des méthodes pratiquées depuis des décennies par les armées françaises sur les champs de batailles européens. Pour certains, cette expérience a duré cinq ans et pour d’autres 50 jours.

L’effort de la France en Amérique

L’effort de la France pour défendre sa colonie d’Amérique du Nord ne doit pas être minimisé pour autant. À la fin de l’année 1754, 2779 officiers et soldats des troupes de la Marine étaient en poste en Nouvelle-France. Entre 1755 et 1760, la France a envoyé 6990 officiers et soldats des troupes de Terre et 5885 recrues et volontaires venus pour remplacer les blessés et les morts. L’armée française disposait donc d’environ 15 700 militaires si l’on tient compte des soldats en poste à Louisbourg entre 1755 à 1758.

La France, grande puissance militaire, aurait-elle pu envoyer davantage de soldats pour défendre sa colonie d’Amérique sachant qu’elle disposait de 180 000 hommes de troupes en Europe ? Cette question amène des réponses nuancées. L’envoi de soldats en Nouvelle-France nécessitait une logistique considérable puisqu’il fallait transporter les effectifs, le matériel, l’armement, la nourriture sur des navires dont la traversée nécessitait 30 à 40 jours de mer tout en tenant compte de la supériorité de la Royal Navy qui lui permettait de contrôler les mers.